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Ce volume s’intéresse au vécu et aux représentations des protestants, principalement français, du xvie siècle au xviiie siècle. Le fil conducteur est une interrogation sur ce qu’est un protestant, sur la manière dont il se différencie, ou non, des catholiques – en dehors, bien sûr, de la participation au culte –, aussi bien dans ses croyances que dans sa vision du monde ou son apparence, et s’il y a une évolution entre les débuts de la Réforme et l’époque des Lumières. La réponse donnée n’est pas univoque, elle suggère un protestantisme très varié dans l’espace, mais aussi dans le temps, et une distinction entre une Réforme, c’est-à-dire une réelle volonté, au xvie et pendant une bonne partie du xviie siècle, de réformer l’Église, sans forcément vouloir la quitter, et un protestantisme qui se constitue comme une confession chrétienne entièrement séparée du catholicisme romain.Comment faire, alors, pour l’étudier ? Il faut privilégier une histoire qui ne s’en tient pas aux institutions, aux pratiques et aux idées ; une histoire culturelle attentive non à l’explicite mais aux impensés, à ce qu’expriment les textes, les paroles et les gestes de la manière dont on vit à une époque donnée ; une histoire non confessionnelle, qui fait du protestantisme à la fois le nom d’un patrimoine religieux à laquelle on peut se rattacher et une construction intellectuelle ; une histoire qui, en dehors de sources proprement religieuses, puise à des correspondances, des journaux, des textes littéraires ou philosophiques, dont le contenu n’est pas d’abord religieux. Cette démarche permet de saisir ce que vivent, sentent et comprennent les réformés à une époque donnée, même si cela nuance ou contredit l’image qu’on pourrait avoir des sociétés protestantes à partir des textes normatifs et de la description des pratiques cultuelles.C’est une histoire renouvelée du protestantisme qui est ainsi en jeu.