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Que révèlent les expositions et les musées missionnaires, qui voient le jour dès la fin du XIXe siècle, de leur rapport aux objets africains et de l’usage qu’ils en font ? La vision romantique des paysages et de la flore qui s’exprime alors dans les écrits des missionnaires disparaît lorsqu’il s’agit d’aborder les mœurs et les productions matérielles des populations africaines. Cultes, cérémonies, « fétiches », « idoles » et autres objets apparaissent aux antipodes de leurs repères culturels et religieux. Néanmoins, à la fin du XIXe siècle, l’expansion des missions outre-mer et les difficultés de développement auxquels la propagation chrétienne se trouve confrontée, entraînent un positionnement plus marqué et la nécessité d’une étude et d’une connaissance plus approfondies des populations et des cultures matérielles, sous peine d’échec de l’évangélisation.S’intéresser à la construction des savoirs qui ont prévalu à l’émergence de ces manifestations et lieux institutionnels revient à poser la question de l’entrecroisement entre fait missionnaire et anthropologie. Les discours et les mises en scène au sein des expositions et des musées missionnaires appellent à analyser les enjeux de l’appropriation et les statuts des œuvres africaines. Le débat ne saurait ignorer les enjeux contemporains liés aux « trésors coloniaux » conservés dans les institutions muséales, y compris les musées missionnaires. Quels en sont les termes tant d’un point de vue juridique, historique, culturel qu’éthique ?