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à 14 h, à Aix en Provence,
Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Salle n° 9,
5, Rue du Château de l’Horloge
Aix-en-Provence

Le jury sera composé de :
Philippe Mioche, Professeur, Université de Provence
Jean-Marie Guillon, Professeur, Université de Provence
Jean-Claude Daumas, Professeur, Université de Franche-Comté, membre de l’Institut universitaire de France
Dominique Barjot, Professeur, Université Paris Sorbonne-Paris IV
Alain Beltran, Directeur de recherches CNRS-IRICE Paris I Sorbonne
Youssef Cassis, Professeur, Institut universitaire européen de Florence

RESUME
Ce mémoire est consacré à l’évolution des formes de l’industrie, du milieu du 19e siècle à la fin des années 1970, à travers l’histoire d’une activité, la conception et la construction de matériel hydraulique, et des entreprises qui l’ont exercée. Cette activité a connu à Grenoble, dans les Alpes françaises du Nord, une grande continuité de produits, principalement des turbines hydrauliques, et de marchés, ceux des grands aménagements hydroélectriques alpins, français, puis mondiaux. Elle a été assurée par une succession d’entreprises dont le statut a évolué au fil du temps : sociétés en nom personnel dans la seconde moitié du 19e siècle, entreprises familiales puis PME régionales jusqu’aux années 1960, sites de groupes nationaux puis de multinationales enfin.
L’étude analyse les transformations de ces formes d’entreprises, d’un point de vue juridique, organisationnel, technique et social. Elle montre, à chaque étape, comment ces entreprises s’articulent aux autres firmes avec lesquelles elles travaillent : entreprises de BTP, de matériel électromécanique, sociétés de production électrique. Elle met en évidence plusieurs formes de coordination entre les acteurs industriels intéressés aux marchés des chantiers hydroélectriques : ententes régionales informelles basées sur des relations interpersonnelles avant la guerre de 1914, consortiums et cartels nationaux, dans l’entre-deux-guerres, groupes industriels coordonnés par les politiques publiques jusqu’aux années 1970.
En se centrant plus particulièrement sur l’entreprise Neyrpic (1917-1967) ce mémoire retrace aussi l’histoire d’une grosse PME régionale qui, par une stratégie d’autonomie basée sur l’innovation et l’internationalisation, a réussi à se hisser au rang des meilleurs constructeurs mondiaux, mais sans parvenir à dégager des marges suffisantes pour conquérir son indépendance financière. L’étude de son fonctionnement social tente de caractériser un moment particulier de l’histoire des entreprises industrielles, où les différentes fonctions (production, vente, gestion, pouvoir, sociale) se sont déployées à des échelles relativement similaires, favorisant une forte identification des salariés, à « leur » entreprise. Elle met à jour les pratiques professionnelles favorisées par cette configuration. Sont également abordés les phénomènes de construction mémorielle que cette histoire a suscité parmi les salariés, et leur poids dans les conditions de l’absorption par Alsthom de 1967.L’entrée dans le groupe Alst(h)om modifie les échelles de fonctionnement du site , et marque, dans ce secteur, la fin d’une forme de capitalisme industriel à base régional.