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organisée par Philippe Delisle à l’amphi de la MILC, 35 rue Raulin, 69007 Lyon.

 

Les mouvements de jeunesse catholiques ont joué un rôle moteur dans l’éclosion de la BD dite « franco-belge ». On pense d’abord au scoutisme. Le mouvement avait développé un esprit d’aventure et une esthétique qui le prédisposaient à nouer des liens avec le 9e art. Hergé a imaginé son premier héros de papier, Totor, pour une revue scoute, et nombre d’auteurs, comme Tibet ou Duval, diront avoir affermi leur goût pour les récits d’aventure devant un feu de camp. Par un « effet de retour », des journaux de BD imprégnés par la tradition catholique comme Spirou et Tintin ont assez rapidement proposé à leurs lecteurs des séries mettant en scène de jeunes héros scouts : les Castors, Luc et Laplume, les 3 A … On peut d’ailleurs se demander si la BD franco-belge « classique » ne fonctionnait pas selon un « modèle scout », alliant innovations et conformisme, esprit d’aventure et respect des normes sociales[1]. Sans atteindre une telle visibilité, d’autres mouvements de jeunesse catholiques ont  participé à l’essor de la BD franco-belge. Les patronages ont ainsi permis, à travers l’hebdomadaire Cœurs vaillants et la projection de « films fixes », à l’œuvre d’Hergé de conquérir la France. Et un auteur aussi important que Jijé a été lancé dans la carrière par un support émanant de la « Croisade eucharistique » wallonne.

Cette journée d’étude sera organisée avant tout comme un espace de discussions. Il ne s’agira pas d’entendre des communications totalement achevées, mais plutôt d’ouvrir des pistes de recherche, de confronter les résultats de premières enquêtes, de favoriser les échanges entre chercheurs issus de spécialités diverses (histoire religieuse, histoire de la BD, roman scout, « stripologie »), pour poser les bases d’un futur ouvrage collectif dans la collection « Esprit BD » (Karthala).

On évoquera évidemment les représentations du scoutisme portées par la BD, depuis la vision « classique » jusqu’à la déconstruction des années 1960-1970. Mais on se penchera aussi sur les rapports noués entre l’esthétique scoute et celle du 9e art, ou sur la manière dont la BD a conquis les mouvements de jeunesse et participé à la mobilisation des énergies, par exemple en faveur des missions ad extra.

 

Ci-dessous programme et affiches à télécharger

 

 

[1] Philippe Delisle, La BD au crible de l’Histoire, Karthala, 2019, pp. 13-14.