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Auditorio Meier – MACBA Barcelona

 

Répondant aux réflexions développées dans le cadre des projets de recherche Modernité(s) décentralisée(s) et Esthétique fossile, ce congrès international s’interroge sur le rôle que les imaginaires culturels ont joué dans la formation de la subjectivité néolibérale au cours de la période de 1979 à 2019. Marqué par des étapes historiques clés telles que le début de la Perestroïka ou la chute du mur de Berlin, cet arc chronologique détermine la mise en œuvre effective du modèle économique, culturel et politique qui façonne notre présent. Car, si l’origine historique du néolibéralisme en tant que projet idéologique a pu être située il y a plusieurs décennies, c’est à partir de la fin des années 70, après l’expérience de la dictature chilienne et avec l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, qu’il commence à développer son hégémonie culturelle au niveau mondial.
Entre les années 70 et 80, on trouve également les thématisations de Michel Foucault sur les rapports entre néolibéralisme et biopolitique, les propositions de Raymond Williams pour une actualisation éco-sociale de la critique culturelle ou la réflexion de Jean-François Lyotard sur la fin des grands récits, que l’on associe au passage à la vision du monde postmoderne. Tout cela s’est déroulé dans un contexte géopolitique bouleversé par les conflits sur les ressources énergétiques (avec la révolution iranienne comme point culminant de la décennie), la restructuration de la division internationale du travail (avec les politiques de délocalisation industrielle et de financiarisation de l’économie), l’accélération technologique dans des domaines tels que les technologies de l’information et les menaces d’extermination découlant de la prolifération nucléaire et de l’armement spatial (comme l’initiative de défense stratégique des États-Unis, SDI). Tous ces processus ont donné une continuité au climat bipolaire de la guerre froide et, en même temps, ont annoncé son déclin.
La grande vague néolibérale se propage jusqu’à aujourd’hui avec des signes qui montrent à la fois son succès et son naufrage. Ainsi, en l’absence d’alternatives macro-politiques à l’idéologie du libre marché, nous assistons à l’émergence de tendances néo- et éco-fascistes qui laissent présager une variante illibérale du lien de l’après-guerre entre démocratie, croissance et fossilisation. Du côté de l’émancipation, la désactivation politique de la culture se conjugue avec l’émergence de nouvelles formes de résistance aux dynamiques économiques et politiques dominantes. Ces tensions d’époque ont été accentuées par la pandémie COVID-19, dont la Chine a mis en garde le 31 décembre 2019, et dont la gestion a recoupé l’intensification des formes de gouvernance biopolitique avec les attentes d’une reprise en clé verte des politiques égalitaires keynésiennes.
Que nous comprenions le néolibéralisme comme une simple doctrine économique, une rationalité gouvernementale omniprésente ou une puissante théologie politique, son énorme capacité à façonner l’existence des individus repose sur une hégémonie culturelle sans précédent dans l’histoire. L’imposition d’un credo basé sur le marché libre, la reformulation des fonctions de l’État, l’individualisme subjectif dans la conduite, le comportement et les désirs, ou la mise en place d’un nouveau cadre du travail basé sur la compétitivité, la flexibilité, l’esprit d’entreprise et la suprématie de la rentabilité, n’auraient pas été possibles sans une intervention politique à haute tension. Dans ce processus, la configuration de nouvelles visualités, imaginaires et pratiques culturelles a été essentielle pour légitimer ce projet historique. Traversée par les contradictions de l’époque, l’art et la culture ont accompagné sa construction, tout en résistant à sa normalisation.
Entre Téhéran et Wuhan, ce colloque retracera les permutations des imaginaires artistiques et culturels, des discours esthétiques et des subjectivités politiques qui ont accompagné la gestation d’un nouvel ordre mondial de la fin des années 1970 à nos jours.

 

PROGRAMME > https://modernidadesdescentralizadas.com/actividad/cfp-une-contre-revolution-neoliberale-imaginaires-culturels-subjectivites-politiques-et-nouvel-ordre-mondial-1970-2019/

 

Le colloque aura un format hybride (présentiel et en ligne). Pour participer en présentiel, inscrivez-vous ici. Le streaming de l’événement sera disponible sur cette page pendant le colloque.

 

 

Comité d’organisation : Juan Albarrán (Universidad Autónoma de Madrid), Paula Barreiro (Université Grenoble Alpes), Olga Fernández López (Universidad Autónoma de Madrid), María Ruido (Universidad de Barcelona), Jaime Vindel (CSIC).

Coordination : Anita Orzes (Universidad de Barcelona / Université Grenoble Alpes) et Alejandro Pedregal (CSIC)

Comité Scientifique
Juan Albarrán (Universidad Autónoma de Madrid)
Paula Barreiro López (Université Grenoble Alpes)
Olga Fernández López (Universidad Autónoma de Madrid)
Jonathan Harris (Birmingham City University) 
Sonia Kerfa  (Université Grenoble Alpes)
Gal Kirn  (ICI Berlin)
Pablo Martínez (MACBA)
Daniel Montero (UNAM, México)
María Ruido (Universidad de Barcelona)
Emilio Santiago (Universidad de Zaragoza)
Jaime Vindel (CSIC)

Ce congrès international est organisé par le projet Modernité(s) décentralisée(s). Art, politique et contre-culture dans l’axe transatlantique pendant la guerre froide (HAR2017-82755-P), Esthétique fossile: une écologie politique de l’histoire de l’art, de la culture visuelle et des imaginaires culturels de la modernité (PIE 202010E005) et Energy humanities. Energy and sociocultural imaginaries between the industrial revolutions and the ecosocial crisis (PID2020-113272RA-I00) en collaboration avec le Laboratoire de Recherche Historique Rhône Alpes (LARHRA) de la Université Grenoble Alpes et le Museu d’Art Contemporani de Barcelona (MACBA).
Image: María Ruido, Plan Rosebud 2, 2008