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Longtemps considérée comme un archaïsme, la métallurgie au bois des Alpes dauphinoises et savoyardes connaît son apogée au milieu du xixe siècle. Voilà qui invite à discuter de l’un des dogmes de l’histoire du développement : la« révolution industrielle ».Étendue d’Annecy jusqu’à Grenoble-Rives, la nébuleuse métallurgique alpine doit son existence à la transformation du minerai de fer d’Allevard et de basse Maurienne qui permet de produire un« acier naturel » au charbon de bois réputé depuis le Moyen Âge. Ce territoire industriel s’appuie sur les liens qu’entretiennent plusieurs systèmes locaux de production spécialisés et complémentaires : mines, sidérurgies, aciéries, taillanderies et clouteries. La flexibilité et l’adaptabilité de l’ensemble est permise par la circulation des ouvriers de métiers dans l’espace alpin et par la pratique massive de la pluriactivité. L’ouvrage montre comment ces particularités locales ancestrales sont à l’origine d’un dynamisme économique remarquable en pleine révolution industrielle.Pour ses recherches, Pierre Judet a notamment travaillé à partir d’archives privées inédites. Au-delà de l’étude de cas, il montre, sur un plan méthodologique, que la thématique territoriale permet de renouveler la démarche de l’historien.