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Depuis l’avènement et le développement de la psychologie, les sociétés contemporaines ont compris les vertus thérapeutiques de la parole, du récit de soi à un autre. Dès le XIXe siècle cependant, des hommes et des femmes ont pour habitude de livrer le récit de leur vie personnelle à un directeur de conscience à qui l’on confie ses tourments intimes. On évoque avec lui ce dont on ne peut parler ailleurs : les secrets de l’âme et du corps. De son côté, le directeur doit guider sur la voie du progrès moral. Bien loin cependant de toujours se soumettre à cette exigence de progrès, hommes et femmes dirigés y voient une occasion de parler d’eux-mêmes et de s’observer, d’ouvrir une « chambre à soi » : les femmes y content les pesanteurs de la vie conjugale et domestique, les hommes leur difficulté à remplir leurs devoirs : se marier, entretenir une famille. Préoccupations morales et spirituelles, inquiétudes existentielles, désirs de liberté se lisent dans ces lettres qui portent bien souvent la mention « à brûler ».