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Si l’histoire de la Résistance ressemble à certains égards à d’autres épisodes – par le volontariat de ses protagonistes, par le caractère entier de leur engagement, par les solidarités nouées au cœur d’une action dangereuse, par les difficultés des acteurs à partager cette expérience –, sa nature souterraine lui confère une singularité radicale, en rupture avec tout ce qui a précédé.Tout en suivant la trame chronologique de la période, depuis les premières manifestations du refus en 1940 jusqu’aux libérations du territoire à l’été et à l’automne 1944, c’est bien une approche anthropologique du phénomène qui a été privilégiée. Elle conduit à mettre l’accent sur la densité extrême du temps résistant, à scruter ses pratiques et ses sociabilités, à interroger aussi les liens qui se tissent peu à peu avec la société. Soumis à un danger permanent et sans modèle préalable auquel se référer, l’univers clandestin de la Résistance, enfoui et invisible, n’aura en fait jamais cessé d’inventer sa propre action. Il a généré des expériences d’une extrême variété tout en exposant tous ses protagonistes, où qu’ils aient œuvré, à des risques identiques et mortels.