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organisée par Martin Wrede à la MSH Alpes, Campus Grenoble

 

Intervenants : Marie-Claude Canova-Green, Yann Lignereux, Stanis Perez, Gérard Sabatier, Martin Wrede

 

L’ouvrage d’Ernst Kantorowicz est non seulement classique, mais canonique : Les deux corps du roi, the King’s two Bodies, paru à Princeton en langue anglaise en 1957, représente un apport majeur à l’histoire de la monarchie européenne, non seulement médiévale mais également moderne. Et la différenciation entre le body politic, le corps politique et immortel du roi, et son corps physique et mortel, le body natural, n’a rien perdu de sa pertinence. D’autres chercheurs, Marcel Gauchet par exemple, se sont appuyés sur lui pour analyser la disparition du corps royal au profit du pouvoir sans corps, l’état in fine républicain.

L’organisateur de cette rencontre ose proposer un autre élément de lecture de la corporalité royale : Dans l’histoire de France Henri IV ou Louis XIV laissèrent des mémoires individuelles très vives et même pesantes : à priori leur réputation était de nature à stabiliser la monarchie et la dynastie (toujours jeune) des Bourbons. Mais en même temps leur mémoire pourrait se retourner contre leur successeur comme un reproche et un contre-exemple : le trône, parfois, fut occupé par plusieurs personnes à la fois. Une constellation pareille marque l’histoire de la Prusse avec l’ombre durable et également pesante de Frédéric le Grand. Dans l’histoire de la monarchie britannique, pourtant, une mémoire individuelle émerge surtout par la mort, le martyre, de Charles Ier : la personne physique détruite, la monarchie supprimée, cette mémoire individuelle du roi contribue fortement à la restauration de la monarchie. Peut-on voir alors dans une telle mémoire vive, dans une ombre pesante un troisième corps du roi ?

C’est sur base de leurs ouvrages respectifs et tous récents que les invités de la journée vont affronter les questions liées aux “corporalités” des monarques modernes.