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Le vote de la loi sur les associations en juillet 1901, destinée à lutter contre les congrégations, provoque la colère de plus de six cent mille femmes en France qui déposent une pétition au Sénat. Privées du droit de vote, elles décident d’agir sur le résultat des élections législatives d’avril-mai 1902 en organisant leur protestation sous la forme d’une ligue féminine. L’initiative est prise à Lyon, en septembre 1901, avec la Ligue des Femmes françaises, rapidement concurrencée par la Ligue patriotique des Françaises, d’influence parisienne et de sensibilité ralliée. C’est l’histoire de cette première ligue, d’origine lyonnaise et d’essence monarchiste, qui est retracée ici. Elle est l’œuvre de deux femmes, Jeanne Lestra et la comtesse de Saint-Laurent, guidées par un jésuite, le père Antonin Eymieu. Face à l’action anticléricale du gouvernement Waldeck-Rousseau, ces trois personnes vont concevoir comme stratégie de reconquête l’engagement de femmes en politique, puisant dans une vision du monde largement façonnée par le catholicisme intransigeant et une spiritualité de combat. Elles vivent leur engagement politique comme une  » expiation  » des impiétés du siècle et un temps de souffrance collective qu’il est nécessaire d’accepter pour  » refaire la France chrétienne « . Durant ces premières années du XXe siècle, plusieurs milliers de femmes du monde, provenant surtout des milieux nobiliaires et de la bourgeoisie catholique traditionnelle, vont alors s’engager dans la Ligue des Femmes françaises qui constituera pour elles un espace de politisation et d’apprentissage de la citoyenneté. Il s’agit là d’une nouvelle page de l’histoire du catholicisme français  » au féminin « , s’appuyant sur une approche des cultures politiques  » blanches  » et des processus de mobilisation, prélude à la naissance de l’Action catholique générale féminine, la plus grande organisation de femmes dans la France de 1945.