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Placer les pages qui suivent, consacrées à l’acte de lire en milieu monastique féminin et à la place du livre et de l’écrit dans la formation, la spiritualité, voire la polémique dans la vie religieuse féminine, sous les auspices d’un roman libertin, peut sembler provocateur. Pourtant, ce célèbre roman rappelle à la fois que le livre tient une place discrète, mais essentielle, dans les monastères, et que cette place reste malgré tout difficile à définir, pour l’historien d’aujourd’hui comme pour les contemporains, tentés de prêter à la religieuse, à la fois une ignorance qui confine à la niaiserie, et un irrépressible désir de livres. L’acte de lire se situe au croisement de deux éléments : d’une part, un environnement livresque, et d’autre part un accès, permissif ou transgressif, aux livres. Ces deux conditions réunies, se déploient des pratiques variables et inventives d’appropriation des textes. Ce sont et ces conditions, et leur résultat en situation monastique que nous souhaitons mettre ici en évidence, dans le contexte particulier d’un lectorat féminin ayant, après une année de noviciat et au moment de la cérémonie des vœux, accepté de se fondre dans un corps collectif, dont chaque membre n’est plus que la déclinaison d’un idéal de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, auquel s’oppose le livre, symbole de richesse, d’émancipation et de dérèglement de l’imagination. Avec la collaboration de Caroline Bowden, Matthieu Bréjon de Lavergnée, Amélie Candéla, Véronique Castagnet-Lars, Marie-Élisabeth Henneau, Bernard Hours, Odon Hurel, Simon Icard, Claude Langlois, Jean-Marc Lejuste, Alix Mérat, Pierre Moracchini, Claire Pibarot, Juliette Pinçon, Antoine Roullet, Sabrina Stroppa, Éric Suire. Introduction. « Un livre achèvera de te rendre savante ». La lecture féminine monastique (xviie-xixe siècle)   p 7PREMIÈRE PARTIE : NORMES, RÈGLES, EXEMPLESNormes et lectures chez les religieuses françaises (xviie-xviiie siècle)  p 55Quand les clarisses lisent et éditent leur règle et leurs constitutions  p 95La question de la lecture chez les bénédictines modernes. Quelques remarques autour des bénédictines du Calvaire au xviie siècle  p 147La fondatrice d’ordre religieux et le livre dans l’iconographie de Thérèse d’Avila  p 171La religieuse lectrice sous la plume de la Mère de Blémur (1679)  p 217 DEUXIÈME PARTIE : BIBLIOTHÈQUES COMMUNESLivres et lectures des Visitandines à Lyon sous l’Ancien Régime  p 249Religieuses, enseignantes donc lectrices ? Le rapport des ursulines aux livres dans le cloître et dans la classe (France et Nouvelle-France, xviie-xviiie siècle)  p 279Bibliothèques et lecture dans les couvents féminins bordelais au xviiie siècle  p 321Les bibliothèques religieuses féminines à la Révolution, d’après l’enquête nationale de 1790-1791  p 345 TROISIÈME PARTIE : LA LECTURE ÉDIFIANTE, UNE PRATIQUE COMMUNELectures, livres et novices en Lorraine (xviie-xviiie siècle)  p 375L’édification des religieuses. L’hagiographie à l’usage des communautés de femmes dans la France d’Ancien Régime  p 409Lire pour croire ? Les religieuses ibériques et l’écrit, xvie-xviie siècle  p 437Lectures dans les communautés anglaises en exil :les religieuses cloîtrées et les livres au xviie siècle  p 465De l’usage des « bons livres » et des autres dans les couvents féminins d’Ancien Régime aux Pays-Bas et en Principauté de Liège  p 493Lire quand même. Exercice de la charité et pratiques de lecture chez les “bonnes filles” de Monsieur Vincent (xviie-xviiie siècle)  p 525 QUATRIÈME PARTIE : LECTURES INVENTIVESLes cloîtrées italiennes et la lecture : les livres et le Livre  p 561La lecture comme discernement des âmes dans la spiritualité d’Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, abbesse de Port-Royal (1624-1684)  p 595De la lecture au Carmel (France, xviie-xviiie siècle)  p 627 EN GUISE DE CONCLUSIONLire au Carmel à l’aube du xxe siècle : l’observatoire de Lisieux  p 653