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Les textes réunis dans ce volume ont été présentés lors d’une table ronde organisée, avec la participation de spécialistes français et allemands, en novembre 2003 à l’université de Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main par le Groupement de recherche (GDR) « Les entreprises françaises sous l’Occupation » sur le thème «Les entreprises françaises et allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale». La publication croisée dans une version traduite des textes présentés permet donc de faire connaître les recherches concernées dans l’autre pays. Les communications françaises de Françoise Berger, Sophie Chauveau, Danièle Fraboulet, Nicolas Marty et Philippe Verheyde font l’objet, avec une introduction de Michel Margairaz, d’un numéro spécial de la revue allemande d’histoire d’entreprise (Zeitschrift für Unternehmensgeschichte, septembre 2005, n° 2). De manière symétrique, les communications allemandes ont été traduites pour ce volume. En introduction, la synthèse de Werner Plumpe constitue une ambitieuse mise en perspective critique des apports considérables de l’historiographie récente sur les entreprises allemandes sous le nazisme. Les articles rassemblés ensuite en fournissent des illustrations empiriques, avec un regard particulier sur la collaboration avec la France. Ralf Banken s’intéresse ainsi aux activités dans l’ensemble de l’Europe occupée de la branche métaux précieux de la Degussa, en insistant, notamment dans le cas français, sur la relative prudence d’une entreprise que son implication dans les pires crimes du nazisme n’empêchait pas d’avoir le souci de préserver pour l’avenir ses relations d’affaires traditionnelles. De même, Johannes Bähr évoque les activités financières des grandes banques allemandes dans l’Europe occidentale occupée, en présentant une typologie des modalités d’intervention selon les pays dans laquelle l’économie française apparaît comme la plus préservée. Paul Erker insiste sur les difficultés du fabricant de pneumatiques Continental à profiter de la situation d’occupation pour rattraper son retard technologique et commercial face à son concurrent Michelin. À l’inverse, Heidrun Homburg montre que la faiblesse de l’industrie de la construction électrique française au regard de son homologue allemande a limité l’ampleur de sa contribution dans le cadre de la politique de collaboration; l’internationalisation particulièrement forte de cette industrie a également incité les groupes allemands à ne pas compromettre leur positionnement futur dans les cartels mondiaux par la recherche effrénée de profits immédiats. Enfin, Mark Spörer présente, dans le contexte des débats récents, une réflexion originale sur le travail forcé et les conditions de son utilisation par les entreprises allemandes. Hervé Joly