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Le jubilé des 500 ans de la Réforme protestante suscite une pléiade de célébrations mémorielles, qui semblent avant tout l’occasion de fêter son héros fondateur. Martin Luther est régulièrement acclamé comme le chantre de la liberté de conscience ou l’inventeur de l’individu, voire de la démocratie moderne. Or cette image consensuelle et fantasmée n’a pas toujours été dominante dans les imaginaires collectifs. L’invention de traditions et de politiques mémorielles autour de Luther plonge ses racines dans la bataille du souvenir qui débuta à sa mort, en 1546, et qui se joua en mots et en images.Ce livre se propose de faire redécouvrir au lecteur les premiers portraits littéraires du Père de la Réforme, esquissés des deux côtés de la barrière confessionnelle, mais aussi de restituer l’image qu’il s’employa à façonner de lui-même pour la postérité. Le petit texte autobiographique écrit par Luther en 1545, un an avant sa mort, consacré au récit des origines de sa révolte contre Rome, la Vie de Luther par Melanchthon (1546), le principal ordonnateur de la mémoire du Réformateur dans le monde protestant, enfin la Vie écrite par Noël Taillepied (1577), polémiste franciscain et premier biographe français de Luther, permettent d’entrer dans la fabrique des mythologies luthériennes. Ces trois textes fondateurs, présentés et édités par Marion Deschamp, sont précédés d’une étude sur l’invention de cultures confessionnelles du souvenir et complétés par un corpus iconographique commenté.