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« Noblesse oblige ». La maxime du duc Pierre-Marc-Gaston de Lévis (1764-1830) est passée dans le langage courant pour évoquer les obligations morales qui pèsent sur les détenteurs d’un nom, et plus généralement pour inviter tous les prétendants à la respectabilité à adopter un comportement conforme à la dignité qu’ils revendiquent. L’idée n’était pas nouvelle. En 1665, dans son Dom Juan, Molière plaçait déjà dans la bouche de Dom Louis une tirade véhémente devenue fameuse : « Non, non, la naissance n’est rien où la vertu n’est pas. » Si la noblesse reposait sur la vertu, quelle définition donnait-on à cette qualité ? S’agissait-il du courage guerrier, de l’exemplarité morale ou de l’appartenance au monde des gens de bien ? Vivre de ses rentes ne suffisait plus pour être reconnu comme noble dans une société où, à partir du xviie siècle, le roi s’imposa comme le maître des identités. Sous une unité de façade, quelles failles économiques, culturelles et idéologiques traversaient la noblesse à l’époque moderne ? À quelles obligations, surtout, se sentait-elle tenue, et quelles formes prenaient les engagements politiques, religieux et partisans qui l’animaient ? Quel était le sens des termes « vocation » ou « service » pour les seigneurs et les dames de l’Ancien Régime ?