000

100

%

Comment les économistes allemands envisagent-ils les relations entre État, économie et espace dans l’Allemagne des Lumières et des bouleversements de l’époque révolutionnaire et impériale ? Fortement ancrées dans les universités au XVIIIe siècle, les sciences camérales développent un discours qui se caractérise moins par son appel à une intervention dirigiste de l’État que par la référence au concept politico-juridique de territoire. Ce discours est contesté dans les années 1790 par l’émergence de l’économie politique, suite à la réception des écrits de Smith : l’espace économique, espace de marché, est largement dissocié du territoire politique, et ses principes organisateurs révèlent une approche renouvelée des phénomènes économiques. Ce processus de « déterritorialisation» n’est cependant ni linéaire, ni univoque, notamment parce que les économistes allemands intègrent dans leur discours les nombreux bouleversements politiques, diplomatiques et économiques que connaît l’Allemagne dans les premières décennies du XIXe siècle. Pour aborder le statut de l’espace dans le discours économique allemand des années 1740-1820, l’auteur tient compte de trois niveaux d’analyse : les contenus théoriques, leurs fondements conceptuels et épistémologiques, le rapport des discours à leur contexte historique. Par la prise en compte de l’appareil conceptuel et l’ancrage social et institutionnel des discours étudiés, cette étude éclaire d’un jour nouveau une dimension souvent négligée par la pensée économique: l’inscription spatiale des phénomènes économiques. Guillaume Garner est maître de conférences à l’École normale supérieure Lettres et sciences humaines et membre du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes. Pour en savoir plus…