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Si un événement peut être catastrophique pour les populations qui en sont victimes, c’est dans bien des cas par le discours que l’on a tenu sur lui, qu’il prend – ou non – un statut de catastrophe. Par la manière dont ils sont construits et présentés, ces récits ne se limitent pas à rendre compte des événements survenus : ils sont l’expression de la façon dont les sociétés ont vécu avec la menace, acceptent ou occultent le risque. Depuis l’Antiquité, avec des mots parfois identiques, ces récits, tant vernaculaires qu’érudits, et l’iconographie qui peut les accompagner, ont fait de la catastrophe un thème récurrent traversant toutes les périodes et tous les pays. Cet ouvrage propose, à travers des contributions issues d’un colloque organisé à Grenoble en avril 2003, une série d’éclairages sur ces questions, via des exemples très variés aussi bien dans le temps (depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine) que sous l’angle des événements considérés (avalanches, inondations, tempêtes, séismes…) et des « médias » par lesquels passent ces discours et représentations (bas-reliefs, presse, littérature, sermons, films, photographies…). Les textes ont été regroupés autour de trois entrées : la médiatisation, l’instrumentalisa-tion et la scénarisation de la catastrophe. La première partie réunit huit textes (N. Geroudet, J. Buridant, M. Tailland, M. Guignier, P. Allard, E. Martinais, J. Montredon, M. Amalric et H.J. Scarwell, R. Laganier) rendant compte de la façon dont une catastrophe particulière a pu être érigée en événement majeur, suffisamment emblématique parfois pour construire une mémoire. Les sept contributions réunies dans la seconde partie (Ph. Leveau, A. Bérenger Badel, E. Limousin, L. Rivière Ciavaldini, R. Zeller, M. Gisler, C. Masutti) mettent plus particulièrement l’accent sur la fréquence du thème dans le discours politique ou religieux, et sur l’explicitation des usages de tels discours. La troisième partie réunit sept textes (M. Garden, G. Quenet, F. Caille, S. Calvagna, J.-F. Tanguy, F. Hache-Bissette, H. Larski) qui privilégient la dimension comparative dans la manière de rendre compte d’un même événement à des périodes différentes, ou dans le traitement des catastrophes naturelles par différents supports (mémoires, journaux, littérature, cinéma). Si le champ de recherche est encore à structurer et développer, l’ouvrage présente ainsi un premier ensemble important de connaissances et de problématiques, qui devrait inviter d’autres chercheurs à prolonger l’entreprise.