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Après avoir démontré avec raison que le grand enfermement évoqué par Michel Foucault n’avait pas existé, les historiens ont quelque peu négligé d’étudier le fantastique développement des prisons, hôpitaux, asiles, pensionnats et séminaires qui couvrent l’Occident chrétien entre le XVIe et le milieu du XXe siècle. Ce livre voudrait d’abord attirer l’attention sur l’importance et la signification historique de ce phénomène. En abordant la question des enfermements, contraints ou volontaires, par l’angle de la religion chrétienne, l’ouvrage veut suggérer, qu’au delà des évidentes différences, il existe bien une matrice commune à toutes ces entreprises. Au-delà des bâtiments, du personnel et des règles de vie, la religion chrétienne fournit ou lègue aussi à ces expériences une dimension utopique. Partout, il s’agissait bien d’établir des laboratoires de perfection d’où sortirait un homme nouveau. Aussi, loin d’être closes, ces institutions ont profondément influencé les comportements et les modes de pensée de tous ceux qui, soumis ou révoltés, les ont fréquentées. Leur disparition brutale est peut-être aussi un facteur essentiel des profondes transformations sociales et culturelles contemporaines. Bernard Delpal, spécialiste d’histoire religieuse, et Olivier Faure (Lyon III), spécialiste d’histoire de la médecine, ont été les animateurs du programme pluridisciplinaire « Enfermements, marges et société » (1996-2002). Ils sont depuis 2003 tous deux membres du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (UMR 5190).