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En définissant en 1820 le sens moderne du terme maçonnerie comme « l’emploi et la disposition des petits matériaux combinés avec le mortier et autres liaisons », Quatremère de Quincy ne se doutait pas que le siècle qui avait commencé allait être en France une des époques les plus fertiles pour ce qui concerne la création et le développement de nouveaux genres de maçonneries. En témoignent le nombre et la variété des procédés et brevets qui virent le jour avant l’apparition du béton armé. Ils visaient soit à perfectionner des techniques de moulage de murs monolithes construits in situ (pisé de mâchefer, béton), soit à mettre au point de nouveaux procédés de fabrication de « pierres factices » destinées à être appareillées. La présence croissante de ces matériaux à l’occasion des expositions universelles et l’abondance des références qui leur sont consacrées dans les traités et manuels de la fin du siècle concernant les domaines de la construction ou de l’architecture, révèlent l’engouement, pour ne pas dire de la passion du temps, pour la création de nouvelles maçonneries économiques et pouvant être produites à grande échelle. Le fait que les pionniers, tels que François Cointeraux, François Martin Lebrun et François Coignet, utilisaient simultanément plusieurs techniques qui semblent devoir être ainsi reliées et se nourrir l’une l’autre, n’a pas encore fait l’objet d’études précises et ce en dépit de l’important patrimoine construit qu’elles ont pu laisser dans certaines régions françaises (le sud-est et le sud-ouest par exemple). Souvent jugée médiocre, il paraît pertinent de s’interroger aujourd’hui sur la manière dont on avait à l’origine envisagé l’apparence de ces nouvelles matières. Des « pierres factices » préfabriquées voire industrialisées aux murs monolithes construits in situ, se dessinent non seulement différents usages, mais aussi des enjeux économiques et des questions esthétiques comme celle de l’imitation de la pierre. La mise en parallèle des questions relatives au revêtement de ces deux genres principaux de maçonneries non conventionnelles permet, dans une sorte d’historiographie inversée, de s’interroger plus spécifiquement sur la pensée technique et esthétique sous-tendue par les différents acteurs (artisans, architectes, ingénieurs et industriels) et sur les stratégies qu’ils ont pu adopter en fonction des différents programmes de construction. Il s’agit ici de poser les bases théoriques d’une analyse plus large concernant ces nouveaux matériaux, tout en cherchant à mettre en évidence leurs qualités patrimoniales et à leur accorder l’importance qu’ils méritent aujourd’hui dans l’histoire de l’architecture.

Comité d’organisation : Gilbert Richaud, Laurent Baridon et Nathalie Mathian (Université Lumière-Lyon 2, LARHRA)

 

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