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Si le nom de Paul Ducharne est aujourd’hui complètement tombé dans l’oubli, cet ecclésiastique était pourtant jadis considéré comme un saint par les habitants de la région de Charlieu. Confesseur réputé, souvent comparé à Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars, il se distinguait par son mysticisme, passant de longues heures agenouillé en prière, en tout temps et en tout lieu. Né à Charlieu en 1795, il exerça d’abord son ministère à Jarnosse, puis à Nandax, paroisses dans lesquelles naquit sa réputation de sainteté. En 1839, il se décida à rejoindre les Pères Maristes de Jean-Claude Colin. Nommé aumônier à Belley, il fut ensuite chargé de diriger spirituellement les pensionnats de Vauban et de Charlieu. En 1856, il se retira à La Neylière, dans les Monts du Lyonnais, et s’éteignit en 1874. Ses obsèques, à Charlieu, attirèrent une foule considérable de fidèles, avant que sa tombe ne devienne un lieu de pèlerinage fréquenté, où l’on se rendait notamment pour implorer la guérison des enfants malades. En 1908, Rome autorisa l’ouverture de son procès de béatification, mais le dossier finit par être abandonné dans les années 1920. La dévotion au « saint de Charlieu » cessa progressivement, contrecoup du choc moral et religieux provoqué par les deuils de la Grande Guerre et de l’épidémie de grippe espagnole de 1918-1919. Cette biographie, la première consacrée à ce personnage méconnu, apporte un éclairage neuf sur les mentalités religieuses locales au XIXe siècle, ainsi que sur les mécanismes de fabrication de la sainteté dans le catholicisme français post-révolutionnaire.