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Entre la réunion des États généraux et la fin du Premier Empire, vingt-cinq ans s’écoulent pendant lesquels bouleversements politiques, économiques, sociaux et culturels créent un contexte d’instabilité pour le secteur du luxe et du demi-luxe français.
Les ateliers et les manufactures sont confrontés à des conditions matérielles et organisationnelles difficiles. Le manque de matières premières, la détérioration des finances et la diminution du personnel en raison du départ des jeunes hommes aux armées ont un impact négatif sur la production artisanale. L’incertitude générale que représente cette période d’instabilité politique et de conflits armés n’empêchent pourtant pas l’émergence de modes. De nouveaux marchés s’ouvrent et offrent de riches opportunités aux artistes et artisans pour diversifier et élargir leurs créations.
La période révolutionnaire a souvent été considérée comme un temps de rupture, en particulier dans le domaine du luxe dont elle remet en cause les fondements. Il s’agira ici, au contraire, de l’envisager dans sa continuité, à la jonction des XVIIIe et XIXe siècles. La reprise de la production des objets de luxe s’observant dès le Directoire et s’épanouissant avec l’Empire, les mutations de la société et du travail posent la question du développement de nouveaux paradigmes. À quels évènements et à quels changements les manufactures d’État, les ateliers de renom ainsi que les producteurs régionaux doivent-ils faire face entre l’Ancien Régime et la Restauration des Bourbons ? De quelle manière les artistes et les artisans réussissent-ils – ou échouent-ils – à s’adapter ? Mais aussi comment, de ces situations complexes, émergent les facteurs mêmes d’une évolution possible d’un secteur en processus d’industrialisation ?

Le présent colloque entend faire le point sur cette période charnière de l’histoire des arts décoratifs en France, l’objectif étant de mieux comprendre comment, au sein d’une actualité foisonnante, porteuse de transformations, ont fonctionné des ateliers et des manufactures établis à Paris et sur l’ensemble du territoire français.
Pluridisciplinaire, croisant en particulier l’histoire de l’art, l’histoire sociale, l’histoire économique, l’histoire culturelle et l’histoire des techniques, le colloque cherchera autant à affiner la périodisation de son sujet d’étude qu’à fournir les clefs de lecture d’une analyse plurielle des objets, en complément d’une approche stylistique déjà éprouvée.

Comité d’organisation
Natacha Coquery
(université Lumière Lyon 2, LARHRA)
Jörg Ebeling (Centre allemand d’histoire de l’art, Paris)
Anne Perrin-Khelissa (université Toulouse 2 Le Mirail)
Philippe Sénéchal (Institut national d’histoire de l’art)